LE PLUS GRAND
POLDER HABITÉ DE FRANCE
Entre la frontière belge et le Calaisis, sur une bande de 10 à 30 kilomètres allant de la mer du Nord aux premières collines, s’étend la région naturelle du delta de l’Aa. Ce territoire très plat a été progressivement conquis sur la mer. Il s’agit d’un « polder ».
Terme d’origine néerlandaise, un « polder » est une terre asséchée artificiellement par un réseau très dense de canaux et protége par un système d'endiguement.
Globalement, toute la zone située entre la frontière belge, Saint-Omer, Calais et Dunkerque est située sous le niveau de la mer à marée haute, à l’exception des dunes et de quelques collines.
Cette situation très spécifique fait du delta de l’Aa le plus grand et le plus habité polder de France.
Lorsque l’on habite sur les basses terres du delta de l’Aa, il est important d’avoir conscience de cette exceptionnalité. Nous vivons sur un espace naturellement inondable où l’eau n’est jamais loin et est toujours prête à retrouver sa place naturelle.
100 000 hectares de polder
450 000 habitants
0m : altitude moyenne des terres du delta de l’Aa
Delta : lieu où un fleuve se jette dans la mer. Il s’agit souvent d’une zone où se déposent des alluvions, ce qui divise le fleuve en plusieurs bras.
Polder : étendue de terres située sous le niveau de la mer, asséchée artificiellement par un réseau de canaux
et un système d’endiguement
Wateringues : "cercles d'eau", nom donné dans le delta de l'Aa au système d'évacuation des eaux douces dans la mer
Les Wateringues, exutoire des bassins versant de l’Aa et de la Hem
L’Aa est un fleuve qui prend sa source à Bourthes dans les collines de l’Artois. Il se répand ensuite dans le marais Audomarois, s’écoule dans la plaine maritime (Delta de l’Aa) et se jette enfin dans la mer du Nord à Gravelines.
La Hem est son principal affluent. D’autres petits cours d’eau, recueillant les eaux ruisselant sur les pentes des collines de l’Artois et de Flandre intérieure, viennent également épandre leurs eaux sur le delta.
Les exutoires à la mer des Wateringues se situent dans les ports de Calais, Gravelines et Dunkerque.
A l’est de Dunkerque, la gestion des eaux est transfrontalière et se traduit par des échanges d’eau avec nos voisins flamands (Belgique).
Parfois, pour soulager les crues de la Lys, des transferts d’eaux sont réalisés vers le secteur des Wateringues.
Sur le delta de l’Aa, de nombreux ouvrages hydrauliques implantés au fil des siècles permettent de réguler le niveau des eaux de surface et, en cas de besoin, évacuer les excédents à la mer en s’affranchissant des marées hautes grâce à des stations de relevage.
Un écoulement à la mer intermittent
Le polder des Wateringues est très plat et son altitude générale ne permet l’écoulement naturel des eaux douces à la mer que pendant la marée basse, quand le niveau de la mer est inférieur au niveau d’eau dans les canaux.
A marée haute, il faut empêcher la mer d’envahir les terres. Les portes à la mer sont fermées. Les eaux douces arrivant de l’amont ainsi que les eaux pluviales sont stockées dans le réseau de canaux. Quand les pluies engendrent un apport d’eau ne pouvant pas être stocké dans les canaux sans provoquer de débordements et donc d’inondations, des stations de pompage de grande capacité permettent d’évacuer artificiellement les eaux excédentaires à la mer.
L’importance des conditions de marée
L’efficacité de l’évacuation gravitaire (naturelle, grâce à la pente) des eaux douces à la mer dépend principalement de l’amplitude des marées.
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Lors de marées dites « de vives eaux », l’amplitude de la marée est forte. L’écoulement gravitaire est facilité par le niveau bas de la mer. La durée d’ouverture des portes est longue et le niveau des canaux peut être abaissé de manière significative.
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Lors des marées « de mortes eaux », l’amplitude est faible. Les portes à la mer sont ouvertes durant un laps de temps très court. De faibles quantités d’eau sont évacuées gravitairement.
Parfois, des phénomènes de surcote marine peuvent être observés selon les conditions météorologiques (tempête, dépression atmosphérique). La quantité d’eau évacuée gravitairement est alors diminuée car les portes à la mer sont ouvertes sur un pas de temps plus court.
Une gestion des niveaux d’eau adaptée aux saisons
Deux modes de gestion des niveaux d’eau sont appliqués sur le polder :
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D’octobre à mars : les niveaux d’eau sont abaissés afin de disposer d’un volume de stockage maximum en cas d’événement pluvieux.
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D’avril à septembre (étiage ) : Les watergangs sont maintenus à un niveau haut pour empêcher les remontées d’eau salée, permettre l’irrigation des parcelles agricoles et préserver la biodiversité des watergangs et des zones humides.
Le rôle des principaux acteurs de la gestion hydraulique des Wateringues
Les sections de Wateringues
Ce sont des associations forcées de propriétaires, qui ont en charge l’entretien des watergangs et le fonctionnement des stations de pompage. Leur rôle est d’assécher les terres du polder.
Les voies navigables de France (VNF)
Les canaux navigables acheminent l’eau vers les exutoires. Les VNF sont responsables de la gestion et de l’entretien des canaux navigables et des ouvrages de régulation des niveaux d’eau (vannes et écluses).
L’institution intercommunale des Wateringues (IIW)
C’est l’IIW qui est chargée de réaliser les grands ouvrages d’évacuation des eaux à la mer et d’assurer leur exploitation et leur entretien.
La multitude des ouvrages et des acteurs dans la gestion des Wateringues nécessite l’écriture de règles précises pour coordonner les manœuvres des ouvrages au regard des différentes situations hydrauliques (étiage, gestion courante, de crue ou de crise). Ces règles sont reprises dans des protocoles de gestion.
